mercredi 28 janvier 2009

La Baja

La première fois que j’ai vu La Baja, c’était en feuilletant une carte il y a à peu près deux semaines. J’ai tout de suite eu envie d’y aller traîner mon gros cube. Que voulez-vous les anachronismes géographiques me plaisent ! Comment donc pouvais-je résister cette protubérance du bout du monde?









Ce soir ça avait plutôt bien commencé.
Trois bicoques face à l’Océan Pacifique et la nuit qui tombe. Dans l’écume s’ébrouent de drôles d’oiseaux, ce sont des pêcheurs laboureurs. A l’aide de fourches, ils raclent et retournent le sable dans l’espoir de quelques palourdes sans se soucier des embruns qui giflent. Leur sac attaché à la taille est déjà lourd, il cogne, superbe entre leurs jambes telle une grosse paire de couilles.
Donc ça avait plutôt bien commencé.
Je m’apprêtais à me coucher quand, mais non ce n’est pas le vent, une longue plainte s’élève vers les étoiles qui sont venues en nombre ce soir, merci les étoiles.
Je passe en mode orange et sort donc, comme l’exige la procédure, de mon sac de couchage. Deux mexicains, dont rien ne me permet d’affirmer qu’ils ne sont pas saouls, sont en train, au mépris de conventions de Kyoto, de faire un grand feu dont le combustible principal semble être du pneu. Sont-ce des chamans ?
Le brasier prend de l’importance et avec lui le chant sacré. Le gargouillis inaudible devient brame primordial et enfin, au milieu des sacs plastiques en flammes, s’élève pour se perdre au firmament quelque part derrière l’épaisse fumée noire.
La cérémonie touche à sa fin faute de protagoniste. Le deuxième mexicain qui est tombé dans le feu fini de se consumer. Ses cris pourtant horribles n’ont pas suffi à sortir sont camarades de son coma éthylique.
Le silence règne à nouveau sur La Baja, je mets le vaisseau en pilote automatique et m’en vais dormir.




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