lundi 30 mars 2009

Fin

La fin est proche. Je sais que je vais rentrer.
Il faut se faire raison, tout le monde rentre un jour ou l’autre. Mais enfin ça fait un choc tout de même.
On début on y pense pas bien sûr, on est fou, on se contente de patauger bruyamment dans l’insouciance persuadé que ça n’arrive qu’aux autres…
J’étais bien ici ; vous savez ce que c’est on s’habitue et puis on se réveil un matin en aimant ça.

Bien sûr on doit supporter au quotidien cet hédonisme aveugle et bâté, la bonne conscience protestante et la totale incompréhension de la gastronomie et de la subtile voluptuosité des vins de terroirs. Mais il y a aussi l’insouciance légère d’un monde sûr de lui, ce vent de liberté qui tonne au-dessus de nos têtes et le barbecue texan sans qui nul bonheur terrestre n’est possible.

Je laisse le van à Austin à mes chers amis Diana, Alex, Craig et Mike, puissent-ils en profiter, l’user jusqu’à la trame, c’est pour ça que c’est fait.
A tous mes hôtes un immense merci du fond du cœur ; dans la froidure de l’hiver, vos gentillesses m’ont réchauffées le cœur. Ma maison vous est à tous grande ouverte.

Merci enfin à tous ceux qui m’ont laissé des messages sur le blog ou par mail. Je leur doit beaucoup de soupirs langoureux du fond du camion.














lundi 16 mars 2009

Le short jaune

Je vous parlerais ce soir des barrages mexicains.

Enfin ! Enfin un peu d’hydrologie, enfin des calculs de résistance, enfin ça va turbiner un peu doivent se dire les plus irresponsables d’entre vous ou les plus géologues ou les deux comme Gauthier puisqu’il vient d’être papa.

Et bien non hélas car ce sont des barrages routiers dont je veux vous entretenir, de ceux dresser par l’armée ou la police fédérale dès que le temps est au pic nique c’est-à-dire à peu près du lundi au dimanche sous ces latitudes sauf les jours de matchs.

A propos de match je ne résiste pas à vous narrer une histoire qui, si elle déflore un peut de l’intimité de mon père en vous le montrant sous un jour qu’il préféra cacher sous un silence de plomb pendant près de 30 ans, a le grand intérêt de bien me faire rire. J’espère qu’elle vous plaira aussi.

Ainsi donc mon père jouait au foot dans sa jeunesse. Il jouait aussi au tennis, assez bien paraît-il mais cela n’a aucune importance sur le plan du récit qui va suivre.

Viens le dimanche, jour des rencontres. Le stade gronde. Houleux et bariolé on le sent sous les effets conjoints des vapeurs d’alcool et de l’enjeu près à exploser.

Mon père tenait sa place.
Incertain jusqu’au dernier moment, de récentes histoires d’arbitrage ayant terni sa splendeur, il tirait avec tant de hargne et de force qu’on l’appelait le « fou de balistique », l’entraîneur avait tout de même choisi de lui laisser une dernière fois sa chance et l’avait reconduit à son poste.
Il s’agissait de pas faire le couillon.

Moulé impeccablement dans son short jaune il est de toutes les actions. Il agite dans une frénésie de transe vaudou ou de calligraphe japonais sous acides ses deux grands pinceaux pour écrire sur le gazon vierge son histoire qu’il veut héroïque.
Devant, vif et puissant, il attaque sans relâche mais que l’adversaire passe à l’offensive et le voilà derrière à aider les copains. Il organise, soutient, encourage.
La sueur lui coule au front, il est beau et il ne le sait même pas.

Alors que s’est il passé ?
Tout allait bien pourtant. Son équipe menait à la marque, son entraîneur oubliait doucement ses déboires passés, les groupies gloussaient à chacun de ses passages côté tribunes et il venait de faire une faute passée inaperçue, l’arbitre se remettant doucement de la réunion annuelle des amateurs de poire Williams.

Alors que s’est il passé ?
Est ce son honneur de gentilhomme qui ne pu souffrir une tâche de gazon ?
Est ce l’habit noir de l’arbitre qui, lui rappelant la tenue sacerdotale le ramena au temps des offices encensés et de la culpabilité ?

Toujours est-il qu’il craqua une fois encore et alla tout raconter à l’arbitre !
« Monsieur j’ai commis une faute, aveuglé par la fureur et le goût du contact, je mérite d’être puni. Entre nous il me semble qu’un carton jaune serait opportun, à la rigueur un coup franc. »

Ce fut son dernier acte de bravoure puisqu’il fut promptement congédier par l’ensemble de l’équipe pour qui s’en était trop à grands coups de crampons dans le short jaune tout moulant qu’il était.

Si je vous ai raconté cette anecdote c’est que moi aussi, quand je ne me fais pas arrêter par l’armée à un check point, je m’arrête malgré tout histoire d’être sûr qu’il ne s’agit pas d’une erreur de leur part .

Quand on est bien élevé c’est pour la vie.



Sinon je suis à Austin pour le Festival de musique... C'est pas mal :)

mercredi 11 mars 2009

Safariiiii

On croise sur les routes du monde toute sorte d’étranges créatures mais il n’en est qu’une qui raconte des histoires, les auto-stoppeurs.

"Je t'avance contre une histoire", ce fut ma meilleur idée de ces 6 derniers mois.

A force de les croiser on fini par les reconnaître, on distingue doucement le mâle de la femelle et, sans s’en rendre compte, on devient un peu collectionneur…

A l’instar du chasseur de papillons, le chasseur d’histoires, toujours amateur de spécimens exotiques, dilapide la fortune familiale en safaris idiots du bout du monde.

Tous deux usent de stratagèmes plus ou moins élégants pour capturer leur proie, le filet maille 12 pour l’un et le Chevy van pour l’autre.

Autre point commun, ils relâchent généralement leurs victimes dans la nature une fois leur forfait accompli, se contentant de n’épingler que les plus beaux spécimens.

Les deux discipline sont enfin affaire de ruse, de patience et de doigté, c’est que le sujet est délicat.

J’ai pour ma part « accrocher » à mon tableau des histoires un vagabond texan, un couple d’indiens un peu vague, des hirsutes d’Alaska à poncho et deux allemands en goguette.

Voici en exclusivité rien que pour vous les histoires que j’ai refusé à Paris Match, ou l’inverse, je ne sais plus très bien.

Histoire 1 : Deux bons sauvages qu’illumine un sourire joyeux et franc décident de s’arrêter quelques instants, histoire de souffler un peu et de manger une pomme, sur un pont. L’action se déroule au Costa-Rica, la journée sans nuage fond paisiblement au soleil.

Quand, alors qu’ils n’avaient pas tout a fait terminer leur pomme, trois individus se présentent et se proposent, contre rien et armes à l’appui, de les envoyer se rafraîchir en bas du pont. La température remonte encore un peu et le pont est toujours aussi haut.

Histoire 2 : Deux voyageurs sur une moto se perdent dans les montagnes du Guatemala. Au détour d’un tournant et après avoir longtemps roulé, il croise trois enfants, debout contre la paroi, rangés par ordre décroissant de taille. Ils portent des masques grimaçants, le soleil en a marre et va se coucher.

Le passager de la moto s’avance et leur demande son chemin. Aucun ne bouge, seul le plus grand, tendant la main lui dit que ce service est payant. Notre voyageur refuse, les petites bêtes sont prismes de spasmes.

la suite de ces deux histoires contre 5 timbres.
Je remonte vers les US pour vendre le van.
Des biz à tous

dimanche 8 mars 2009

Atitlan

Le Guatemala fut la terre de toutes les aventures à cause ou plutôt grâce à la mauvaise carte daltonienne qui fit fi de la nomenclature internationale et des conventions communément admises relatives à la représentation des autoroutes et des sentiers à mules.
Les surprises furent donc nombreuses et cahoteuses avec du liquide de frein sur les côtés.

Nous étions à Antigua, ancienne capitale de l’empire colonial espagnol, quant, au levé du lit, alors que Phébus darde de ses premiers rayons les milles dômes si blanc des églises en ruines, alors que nous nous apprêtions à fouler du pas franc des français les rues de « la plus belle ville d’Amérique centrale », à ce moment précis donc on s’aperçoit que la vitre conducteur n’est plus à sa place, c’est à dire sur et non pas sous la portière.

Nous avions déjà changé une roue la veille, avec écrasement des écrous, ca commençait à faire beaucoup.

Nous partons donc changer la vitre…
Elle est là l’aventure mes amis ! Trouver une vitre de Chevrolet édition 89 au milieu du Guatemala et sans parler la langue de Shakira ! C’est l’école de la patience, je vous assure.

Après seulement un demi tour, qui est l’unité de l’égarement, nous échouons, cahin-caha, dans une ville du bout du monde, tout entière dévouée au culte du cylindre et de l’arbre à came et, au milieu des carcasses éventrées et des échoppes crasseuses, miracle, nous finissons par dénicher la vitre sus décrite. Démontage, remontage et retour à la ville…

Il faudrait une chronique complète pour Antigua et, vous l’aurez, remarqué, je suis plutôt avare de nouvelles en ce moment donc je vais faire l’impasse. Je devine mes urbanistes préférées désolées et j’en suis navré, je promet solennellement un beau récit en couleur dès mon retour.

Nous repartons donc sur la route qui a toujours faim tant elle englouti de voyageurs, quand, soudain, à l’heure ou Phébus commence à exagérer avec ses rayons à la con, mais oui, c’est bien lui, un nouveau bruit, de la famille des tacatacatacs avec léger cahot toutes les deux mesures.

Par chance nous étions revenu sur nos traces dans la Babel de ferraille. Le verdict fut sans appel : il nous fallait changer tout le train avant.

Nous convînmes que changer le pneu déformé suffirait et nous revoilà repartit à la recherche d’un pneu Bridgestone, modèle 275/15R… Et nous trouvons un Dunlop 275/15R ! C’est un petit miracle mais quant on en tient un faut pas le lâcher.

Nous repartons… Ou plutôt nous partons enfin car depuis le matin nous avions finalement peu avancé.

Face à nous 2800 mètres de dénivelé d’une route dite « en gruyère » c’est-à-dire avec autant de trous que de poussière. Une poussière blanche et fine que soulève à chaque passage les centaines de camions lancés à tombeaux ouverts. On y voit pas à 5 mètres, les phares zèbrent la nuit. Les épais nuages et l’odeur acre que dégage les gros diesel finit de donner un air de fin du monde à notre ascension.

Pas moyen de rouler doucement, on pousse derrière et me fiant au vieille adage du routier qui dit en substance que le plus gros à toujours raison je file au rythme des semi-remorques au risque de laisser mes essieux à chaque trous d’obus.

A l’issu d’un combat titanesque et d’une concentration de chaque instant, nous arrivons finalement à la ville carrefour, perchée tout la haut, dans les nuages et lumières blafardes. Une brume immense nous enveloppe, tout est blanc, blanc de poussière accumulée et de brume magique qui s’étirent entre les pointes des volcans.
Sur le toit du monde, on mange, on fume et on boit.

La redescente ne s’avère pas moins périlleuse. La route est meilleure mais freiner les 4 tonnes du camion sur 2000 mètres requière quelques précautions. La dernière fois le liquide de frein s’est mis à bouillir et les freins ont lâchés heureusement à la fin ! On fait des pauses, j’use du frein à main et j’apprends in extremis l’usage des vitesses secondaires qui enfin permettent le frein moteur.
On arrive tard dans la nuit au lac Atitlan. La brume est toujours là.






le Chiapas...








dimanche 1 mars 2009

Cher dresseur de louanges, mon panégyrique ;















Dans une lettre datée du 28 février, que je n’ai pas lu mais que l’on m’a rapporté, vous m’appelez « écrivain voyageur » avec plein de gentillesses tout autour et la cerise sur le dessus.
On vous aura bien renseigné ; on peut tout obtenir de moi par la flatterie et je me demande bien à ce propos ce que vous désirez.

Qu’il est beau ce compliment, qu’il va dans le sens de mon poil. Malheureusement pour moi et pour vous je ne peux l’accepter. La stricte éducation que j’ai reçue ne manque jamais de me rappeler que je ne suis pas grand-chose et si je suis sensible à la formule je n’en suis pas moins réaliste.

Car, mon cher ami que je ne connais pas, d’écrivain je n’en ai que l’amour des nuits parisiennes ! je ne fais qu’amuser la galerie de mes amis, en un mot je fais mon intéressant. Quant au voyage, là encore vous êtes trop bon ; c’est à peine si on peut appeler ça une balade, rendez-vous compte, j’habite dans un camion avec séjour et chambre à coucher, moquette au plafond, télévision… Confort jusqu’alors inconnu en France.

Je vous propose donc de remplacer l’expression « écrivain voyageur » par amuseur en goguette, scribouillard errant, ou encore chroniqueur des monts venteux.

Dans l’espoir de relire vos compliments malhonnêtes
Valentin

et maintenant des flims en qualité super8 !





















vendredi 27 février 2009

Sian ka’an, la côte des possibles - Une chronique par Thomas...

Ah la plage de sable fin, les rouleaux d’eau turquoise sur la barrière de corail.
Essayant de répéter le quotidiens des mayas pêcheurs, je n’ai qu’une envie défier la déferlante.
Roulant depuis bientôt 2 heures sur un sentier des plus inconfortables, s’il n’en était l’abondance de palmiers mêlés à la végétation marécageuse, je sentais le camion demander du repos. Nous n’aurions d’ailleurs pas pu atteindre la pointe de la presqu’île, réserve naturelle de Sian ka’an, faute d’avoir sustenté la bête.
Usant de subtils subterfuges je réussis a distraire le copilote néophyte qui avait pour idée fixe d’atteindre la pointe de ce bout de terre.
Première pause, cabana complet. Peu après, une pancarte branlante, des carcasses de voitures, je prends mon meilleur espagnol
Moi :« Pouvons-nous nous garer pour dormir aqui ?
Le petit indien : « Mais mes cabanas sont en construction, j’ai pas encore ouvert… »
Moi : « Mais on peut quand même dormir, on pose nos hamacs ? »
Le petit indien « Si tu veux… »
Moi : « c’est combien ?»
Lui : « euhhh »
Moi : « 20 pesos ca va ?? » (une fois rien)
lui : « oui oui c’est parfait… »
Sur ces entrefaites, le maître des lieux prends femme et enfant et s’en va nous laissant seul avec le cuisinier.Un maya, un ange.
Perdu dans la contemplation de l’océan, angel s’approche de moi. Comidor ?
Quelle délicate attention : de l’escargot de mer.Pas dégoûtés, nous regardons un pêcheurs fraîchement débarqués s’attaquer au mollusque enfermés dans sa conque. Un peu à la manière des égyptiens, en introduisant un crochet dans le nez pour en tirer le cerveau.
Relevé juste ce qu’il faut c’est très bon … cru. Mon camarade en a le cœur retourné. Il s’imagine déjà manger des entrailles visqueuses pendant 3 semaines.
Oh, Beauté des cultures primitives qui savent apprécier les dons de la nature à leur juste valeur. Conque, Escargot-des-mers, Caracol, que ton existence soit louée !
Au milieu des filets de pêches, des restes de poissons, de sandale séparée de leur jumelle par l’océan ( à moins que ce ne soit une sandale jetée à la mer jetée par un marin noyé) et de noix de coco, un Kayak.
On peux ? si, si.
Je bombe le torse, me défait de mon maillot de corps hèle mon pâle compagnon de route.
Atlantique me voilà ! Je me sens l’âme du capitaine d’une ancestrale chaloupe, flibustier commandant aux esclaves avant d’accoster les navires des conquistadors. On atteint la barrière de corail, essayant sans succès d’assommer un plongeur en tuba, nous sommes pris par la vague.

Belize en mer - Une chronique par Thomas le copilote

« What’s up men ? »
Un no man’s land entouré de palmiers entre l’ancien honduras britannique et la riviera Maya colonisée par les américains en goguette, du reggae comme bande son. La première rencontre avec un belizien, douanier, rastafarien écoutant du reggae.
Après les Mexique et ses militaires désoeuvrés sur le bord des sentiers, la différence est saisissante. L’ambiance est à l’avenant.
Nous voici en territoire indépendant depuis 1981, dirigé par la reine d’Angleterre, peuplé d’anciens nubiens et iboe du nigéria. Enfin, les plus balèze, qui ont réussis à nager après que leurs goélette négrière aient échouées au large.
Fini les tacos, place au rice and beans et coleslaw et au vieux baril de rhum.
Petite baraques en bois et tôle, sur pilotis branlant, entourés d’herbe verte rasé de près, suivant la règles stricte britannique des 2 pouces. Danseuse de merengue et punta rock, joueur de dominos dans la nuit caribéenne.
Facile de s’imaginer propriétaire terrien, fumant des colonials disposant de champs de cannes à sucres, de plantations de fruits, ou d’une partie de l’immense jungle peuplée de jaguar dans l’arrière terre.
D’ailleurs des ancêtres germains ne s’y sont pas trompés. On en croise entre les descendants des mayas et des esclaves. Ils jurent un peu. Chemise à carreau, larges bretelles, ou chignon et grande robe bleu marine. Ces grands blonds ont fui la corruption catholique et le luthérianisme trop laxistes. C’était à l’époque… Depuis leur arrivée sous ces tropiques, ils vivent dans des communautés évitant la Babylone de la modernité.
« Bah euh ca va » réponds tintin peu inspiré.