mercredi 28 janvier 2009

La Baja

La première fois que j’ai vu La Baja, c’était en feuilletant une carte il y a à peu près deux semaines. J’ai tout de suite eu envie d’y aller traîner mon gros cube. Que voulez-vous les anachronismes géographiques me plaisent ! Comment donc pouvais-je résister cette protubérance du bout du monde?









Ce soir ça avait plutôt bien commencé.
Trois bicoques face à l’Océan Pacifique et la nuit qui tombe. Dans l’écume s’ébrouent de drôles d’oiseaux, ce sont des pêcheurs laboureurs. A l’aide de fourches, ils raclent et retournent le sable dans l’espoir de quelques palourdes sans se soucier des embruns qui giflent. Leur sac attaché à la taille est déjà lourd, il cogne, superbe entre leurs jambes telle une grosse paire de couilles.
Donc ça avait plutôt bien commencé.
Je m’apprêtais à me coucher quand, mais non ce n’est pas le vent, une longue plainte s’élève vers les étoiles qui sont venues en nombre ce soir, merci les étoiles.
Je passe en mode orange et sort donc, comme l’exige la procédure, de mon sac de couchage. Deux mexicains, dont rien ne me permet d’affirmer qu’ils ne sont pas saouls, sont en train, au mépris de conventions de Kyoto, de faire un grand feu dont le combustible principal semble être du pneu. Sont-ce des chamans ?
Le brasier prend de l’importance et avec lui le chant sacré. Le gargouillis inaudible devient brame primordial et enfin, au milieu des sacs plastiques en flammes, s’élève pour se perdre au firmament quelque part derrière l’épaisse fumée noire.
La cérémonie touche à sa fin faute de protagoniste. Le deuxième mexicain qui est tombé dans le feu fini de se consumer. Ses cris pourtant horribles n’ont pas suffi à sortir sont camarades de son coma éthylique.
Le silence règne à nouveau sur La Baja, je mets le vaisseau en pilote automatique et m’en vais dormir.




lundi 26 janvier 2009

le Mexique

Chers amis;
je m'en vais au Mexique pour quelque semaines. il se pourrait donc que mes messages s'espacent un peu, La Baja m'ayant tout l'air d'être complètement désertique.
Dans l'espoir de vous revoir :)
Tintin au Mexique donc...

samedi 24 janvier 2009

San Diego

San Diego est à peu près comme vous vous l’imaginez donc je ne m’y attarderai peu.
Des plages immenses, des joggers formidables dans de tout petit short et mes pélicans, toujours en formation au raz de l’eau sous le ciel lourd et bas.
Le sentier côtier a des airs de carnaval où chacun, sur une, deux ou quatre roulettes déambule le nez en et parfois les fesses à, l’air, sur un air des Beach Boys. Le combi crache et hoquette, le guitariste des rues pousse une longue plainte déchirante et le surfer indifférent passe d’une foulée souple la planche sous le bras.

J’ai passé deux nuits chez Valentin, appelé ainsi à cause de son intelligence hors du commun et de son infini modestie. Il vient ainsi que toute sa famille d’Ukraine car c’est un juif russe.
J’ai eu le plaisir d’apprécier, invité à un dîner familial, sublime réconfort après trois mois d’indigence culinaire et de solitude partielle, la cuisine maternelle et l’humour paternel. A ce propos je ne résiste que difficilement à vous narrer l’hilarante histoire de ce russe qui souhaite immigrer, mais pour ne pas déflorer le suspens je ne vous en dirais ni le début ni la fin.


Valentin











Je suis maintenant chez Oded, mon colocataire virtuel depuis mon départ car c’est de son adresse que j’use et abuse pour l’administration américaine. Je l’aide du mieux que je peux dans la finalisation de sa thèse de mathématique.

On m'a réclamé plus de photo de mes hôtes: Alors voici Jordan, votre serviteur, et Mick qui m'a hébergé à Las Vegas, au cours d'une balade à Red Rocks.

mercredi 21 janvier 2009

La Côte Ouest !!

Merci et pardon.
Merci Mike and family, merci indéfectibles américains pour votre accueil toujours amical, oasis de chaleur et de réconfort en ces temps de glaciations inopportunes, merci de nous prouver avec une rigueur scientifique qui vous honore que la générosité n’est pas soluble dans le coca.
J’attends Jordan de pieds ferme, elle sera le temps d’un été la fille que je n’ai jamais eue.

Pardon lecteurs fidèles pour la redondance de mes entames mais ces quelques lignes sont bien le moins que je puisse faire.

Je me rends bien compte que j’ai été un peu court sur Las Vegas, nonchalance coupable, pire, faiblesse inexcusable quand il s’agit d’un joyau ethnologique de cette importance.
Je m’explique :
Si la Nouvelle Orléans m’accueillit dans la moiteur trouble de ses nuits enfiévrées, si Austin me réserva ses plus beaux monstres et Albuquerque ses plus beaux barbus, toutes ces villes qui se veulent en marge comme autant de friches libertaires affranchies des diktats de nos sociétés modernes, ne sont vous vous en doutez bien, que de microsociétés finalement assez conventionnelles. Une fois costumé, celui-là d’un bonnet maya et celui-ci d’un chandail mou, la comédie peut commencer et chacun joue alors son rôle avec une désinvolture étudiée ; on est au théâtre et parfois la pièce est bonne mais vous connaissez…

Alors que Vegas… est authentiquement timbrée au dernier degré.
Que de jeunes marginaux fassent leur intéressant rien de plus normal mais quand il s’agit de petits couples bien proprets ça devient tout de suite beaucoup plus effrayant et donc beaucoup plus intéressant.
Comment en est-on arrivé là ?
Comment ce bordel clinquant qu’illuminent mille jeux d’eaux, comment ce Disneyland du stupre et du vice garanti a pu devenir la première destination touristique américaine sans qu’aucun second degré, aucune autodérision, je ne parle même pas de scrupule ou de honte, ne vienne jamais troubler la douce insouciance des joueurs impénitents?
Les rues sont vides ? C’est que les casinos sont pleins ! la vie est à l’intérieur, il y fait bon, les serveuses sont belles et les gens tellement heureux mis à part les quelques zombis apatrides que la sécurité ne tardera pas à jeter au caniveau.
Las Vegas, voilà une ville vraiment effrayante et c’est pour ça que je l’aime.


La Death Valley, avant d'arriver à san Diego...

Mission Accomplished !















Et voila... La côte Ouest.

samedi 17 janvier 2009

Las Vegas



Je n’ai pas été ému par Las Vegas.
Décidément…

:)

vendredi 16 janvier 2009

Grand Canyon















Il y a des paysages qui ne vous émeuvent pas.
Ils ont beau se plier en quatre, s’élargir à l’infini, se crevasser à en crever, rien n’y fait.

Vous faites le vide ; les paupières closes, vous inspirez lentement l’air pur des hautes cimes que seul viens troubler le pet de l’écureuil facétieux. Rien. Pas la moindre palpitation ventriculaire. Seul votre estomac vous rappelle qu’il est déjà 12h30.

C’est énervant de ne pas être touché devant tant de beauté.
D’autant plus quand vous êtes cerné d’une armée cosmopolite à téléobjectifs qui ne cesse de s’esbaudir dans toutes les langues devant cette nature grandiose qui est si belle et les couleurs, t’as vu les couleurs. Clic.

Et bien le Grand Canyon ça m’a fat ça. Trop attendu peut être ? Ou alors c’est qu’on en a vu tellement de ces photos d’hélicoptère avec coucher de soleil panoramique que quand on y est tout bêtement pour ainsi dire, on le trouve un peu fade.

Ainsi, je m’apprêtais à fondre en larmes quand, soudain, une affolante japonaise perchée sur d’improbables talons hauts, sans doute alertée par ma triste mine et me voyant regarder le vide immense sans glousser frénétiquement comme il est de coutume sur ces hauts plateaux, cette japonaise donc disais-je qui c’était mis en tête que j’allais commettre l’irréparable dans les secondes prochaines, n’écoutant que sa bonté, elle qui n’avait pas un cœur de géologue et sans doute parce qu’elle ne trouva pas de meilleur moyen pour me convaincre que la vie était belle et que c’était pas si grave d’être indifférent à un paysage de temps en temps, m’embrassa d’un baiser passionné et violent.

On rejouait la scène d’un drame lointain, ou la femme du pilote, frigorifiée sous les lumières crues du tarmac, étreint de toute son âme l’homme qu’elle aime espérant, dans une ultime et dérisoire tentative, lui faire préférer les chaleurs du foyer aux flammes du sacrifice. Je m’évanouis.

A mon réveil elle était déjà dans son car. Elle me regardais en souriant, amusée de son dernier exploit mais pas tout à fait rassurer sur mon cas. Cela allait-il suffire ? J’aurai bien répondu que non mais il était trop tard, le car s’ébroua et bientôt disparu.

Seul à nouveau je regardai les crevasses terribles et d’un coup, sous l’impulsion de la partie de moi que je croyait éteinte, l’ascenseur se mis en route pour apporter silencieusement du fond de mon ventre deux petites larmes au dernier étage.
Ahh les japonaises…

jeudi 15 janvier 2009

Avec du sucre dessus



Me voici en pays indien, chez les Navajos, territoire autonome avec ses lois, ses écoles et ses pics rocheux sous la neige. Car il neige ! Et tout n’est-il pas plus amusant sous la neige et sur le verglas ?
Puisque je suis sur place je voudrais en profiter pour tordre le coup à un certain nombre d’idées reçues (si vous ne les avez pas reçus je vous les envois contre 5 timbres).

Non, les indiens d’Amérique ne sont pas ces farouches guerriers à la noble stature lancé au triple galops sur des destriers impétueux qui fendent dans un bruit de tonnerre la steppe rouges à l’infini que le soleil au désespoir irradie de ses derniers rayons.

Ils sont de la forme d'un œuf. Petits, ronds, et probablement laids en toute objectivité ; engoncés dans leur veste de trappeur, ils ont quelque chose du manchot dans la démarche.
On ne distingue et seulement après une étude approfondie de leurs mœurs les plus secrètes le sujet mâle du sujet femelle ; je vous donne le truc :

Les indiens font du stop, soit qu’ils aiment se balader la plume à l’air, soit qu’ils aient bu leur dernière voiture. Et bien l’expérience montre que celui-ci monte devant, au côté du conducteur alors que celle-ci s’installe derrière. C’est au jour d’aujourd’hui la seule façon d’identifier et encore pas à coup sûr monsieur de madame.

Les indiens boivent, il n’y a pas plus sou qu’un indien parait-il; et la prohibition en vigueur dans la réserve ne les empêche pas de me piquer le geste mal assuré mes cigarettes et mes paquets de nouilles déshydratée en pleurant, la main sur le cœur, leur bière sur ma moquette.




je suis un peu dur avec les indiens... mais fallait pas critiquer mon anglais!

dimanche 11 janvier 2009

FREAKS

Je me dois de rendre hommage encore une fois à la gentillesse de mes hôtes.
Sur l’air de « Moi Lolita », œuvre magistrale injustement méprisée au pays de la truffe mais qui a trouvé son public au Mexique, incarnée par une Alizee dont l’ascendance divine n’est plus discutable et qu’il convient d’apprécier le volume à son maximum, mon guide Carlos et moi-même avons parcouru Houston sous un soleil radieux qu’un vent opportun rafraîchissait juste comme il faut.
Courses de chiens, centre de la Nasa, Musée et apéro jacuzzi furent autant d’occasions de découvrir et d’apprécier la vie de mexicains aux US. Merci Carlos et à bientôt…


Mais il était temps de partir, retour à Austin où j’avais rendez-vous avec Eva. (j’ai hébergée cet été Eva un peu plus d’un mois).
Juste le temps d’une Freak Party absolument hilarante ou j’ai pu apprécier Elephant Man, monstre protéiforme couvert de bubons qui nous a gratifié d’un striptease pas tout à fait érotique, The Black Scorpion, prestidigitateur échappé des flammes de l’enfer pour, sans trucage et devant un public médusé, nouer ses lacets avec seulement 6 doigts (2X6), Miss Tripod qui prouve de façon éclatante qu’une jambe suffit pour chanter du cabaret et TRex, grand ordonnateur au fouet. Soirée jubilatoire et nuit pleine richesse ou j’appris tout ce qu’il convient de savoir sur la chasse au fantôme, Elephant Man étant un expert reconnu en la matière.


TRex


















The Black Scorpion
















Miss Tripod











Me voici à Albuquerque qui m’a tout l’air d’être un de ces îlots démocrate super cool ou la tolérance règne en maître et comme tout ce qui ressemble de prêt ou de loin à un ghetto (aussi sympathique soit il) m’hérisse le poil, je ne suis pas sûr de rester très longtemps.

mardi 6 janvier 2009

Les coyotes chantent la nuit.

Mer morte, le regard s’égratigne aux épineux.
Effondrée en îlots épars, on glisse nonchalamment, entre, dessus et dessous les pièces du puzzle inachevé.
Et toujours, à droite et à gauche, comme autant d’invitations à l’aventure, faisant concours d’austérité, les arches fragiles affichent le nom du propriétaire. Une simple piste et au bout, sûrement, se trouve le ranch et les cow-boys, de ceux qui se lèvent si tôt qu’il fait nuit, de ceux qui déjeunent en silence sous le grand tipi, de ceux qui conduisent les bêtes et les marquent au fer, une fois à la cuisse, une fois au cou, une fois à la joue.
Les coyotes chantent la nuit pour faire peur aux touristes et ça marche.


C’est beau comme un Sergio Léone sans la révolution.
Sinon RAS :)

dimanche 4 janvier 2009

American Dream

Chers et estimés confrères de la société des rêves ;
C’est en tant que membre honoraire et au titre de responsable des affaires indigènes, que je soumets à votre jugement expert les travaux les plus récents sur le spécimen américain. Les conclusions sont stupéfiantes et je ne trahirai aucun secret en vous disant que le prix Nobel est d’ores et déjà acquis.

Après deux mois d’une enquête acharnée, n’épargnant ni ma peine ni la fortune familiale, et la compilation méticuleuse des témoignages recueillis à la crasse des gourbis et aux lumières de dîners mondains, je suis en mesure aujourd’hui de clore le débat de façon définitive.
Le rêve américain se porte bien, très bien même, la petite flamme brûle toujours outre-atlantique.

Avant d’entamer ma démonstration sans faille, j’aimerais revenir brièvement sur la définition que l’on donne du rêve américain. Deux publications respectables ont dans le passé abordé le sujet :
Pour Chimères Today (article ébouriffant du 1er janvier 2009, intitulé Bonne Année à Tous !! Pouet Pouet !!), il s’agit d’une nébuleuse brillante composée de 46% de méritocratie et de 54% d’opportunisme social.
Et Teddy Bear Magazine d’abonder dans un lyrisme qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures de la boxe amateur : « tout est possible aux US.»

Et bien non ! De toute évidence on se sera mépris, peut être s’agissait-il du spécimen gaulois, fort rare au demeurant.

Le rêve américain c’est avant tout celui d’une nation d’émigrés aux ports chargés de nouveaux explorateurs qui, poussés par cet incompréhensible désir de liberté et ce besoin fondamental de mettre un toit au-dessus de sa tête ont bravé les tempêtes et les bureaux de l’immigration.
Le rêve américain c’est d’avoir été ou d’être encore étranger en Amérique, d’y avoir été accueilli et d’y avoir trouvé sa place.

Il faut se rendre à l’évidence, le pays des droits de l’homme n’est plus que le pays de la truffe.


Paysages du sud west texan...















Sublimes.

vendredi 2 janvier 2009

Bonne Année From TEXAS

Bonne Année à tous!

Je cherchais un bar pour y dissoudre mon nouvel an quand, soudain, au détour d’un puit de pétrole, je tombe sur deux solides américaines qui prenaient de l’avance sur les festivités.
Après une rapide conversation, elles savent que je suis français et que je cherche un bar et je sais que de bar il n’y en a pas mais que la moins athlétique de mes interlocutrices vis dans un ranch de 600 acres et serait ravi, ainsi que son trappeur de mari, de m’avoir à dîner.
Aussitôt dit aussitôt fait.
C’est beau un ranch… Des terres immenses et une maison toute petite.
Je vous passerai les détails. Nous sommes rejoint pas des amis, la femme et demie s’écroule, et la soirée s’enfonce, sombre doucement dans le merveilleux, cascades dorées (la LoneStar est la biere locale), volutes épaisses et crépitement des armes a feux. Oui je sais… Je fais attention.

Et le lendemain ? Tous à la bière et rien que pour moi un fameux arsenal.
On a fait le coup de feux sur des canettes qui ne nous avaient rien fait et pour finir sur des palombes tout aussi inoffensives mais nettement plus savoureuses.
Les joies simples du Texas, la vie de cowboy…




et puis le soir on allume un grand feu et on chante des chansons de cowboys :)