lundi 30 mars 2009

Fin

La fin est proche. Je sais que je vais rentrer.
Il faut se faire raison, tout le monde rentre un jour ou l’autre. Mais enfin ça fait un choc tout de même.
On début on y pense pas bien sûr, on est fou, on se contente de patauger bruyamment dans l’insouciance persuadé que ça n’arrive qu’aux autres…
J’étais bien ici ; vous savez ce que c’est on s’habitue et puis on se réveil un matin en aimant ça.

Bien sûr on doit supporter au quotidien cet hédonisme aveugle et bâté, la bonne conscience protestante et la totale incompréhension de la gastronomie et de la subtile voluptuosité des vins de terroirs. Mais il y a aussi l’insouciance légère d’un monde sûr de lui, ce vent de liberté qui tonne au-dessus de nos têtes et le barbecue texan sans qui nul bonheur terrestre n’est possible.

Je laisse le van à Austin à mes chers amis Diana, Alex, Craig et Mike, puissent-ils en profiter, l’user jusqu’à la trame, c’est pour ça que c’est fait.
A tous mes hôtes un immense merci du fond du cœur ; dans la froidure de l’hiver, vos gentillesses m’ont réchauffées le cœur. Ma maison vous est à tous grande ouverte.

Merci enfin à tous ceux qui m’ont laissé des messages sur le blog ou par mail. Je leur doit beaucoup de soupirs langoureux du fond du camion.














lundi 16 mars 2009

Le short jaune

Je vous parlerais ce soir des barrages mexicains.

Enfin ! Enfin un peu d’hydrologie, enfin des calculs de résistance, enfin ça va turbiner un peu doivent se dire les plus irresponsables d’entre vous ou les plus géologues ou les deux comme Gauthier puisqu’il vient d’être papa.

Et bien non hélas car ce sont des barrages routiers dont je veux vous entretenir, de ceux dresser par l’armée ou la police fédérale dès que le temps est au pic nique c’est-à-dire à peu près du lundi au dimanche sous ces latitudes sauf les jours de matchs.

A propos de match je ne résiste pas à vous narrer une histoire qui, si elle déflore un peut de l’intimité de mon père en vous le montrant sous un jour qu’il préféra cacher sous un silence de plomb pendant près de 30 ans, a le grand intérêt de bien me faire rire. J’espère qu’elle vous plaira aussi.

Ainsi donc mon père jouait au foot dans sa jeunesse. Il jouait aussi au tennis, assez bien paraît-il mais cela n’a aucune importance sur le plan du récit qui va suivre.

Viens le dimanche, jour des rencontres. Le stade gronde. Houleux et bariolé on le sent sous les effets conjoints des vapeurs d’alcool et de l’enjeu près à exploser.

Mon père tenait sa place.
Incertain jusqu’au dernier moment, de récentes histoires d’arbitrage ayant terni sa splendeur, il tirait avec tant de hargne et de force qu’on l’appelait le « fou de balistique », l’entraîneur avait tout de même choisi de lui laisser une dernière fois sa chance et l’avait reconduit à son poste.
Il s’agissait de pas faire le couillon.

Moulé impeccablement dans son short jaune il est de toutes les actions. Il agite dans une frénésie de transe vaudou ou de calligraphe japonais sous acides ses deux grands pinceaux pour écrire sur le gazon vierge son histoire qu’il veut héroïque.
Devant, vif et puissant, il attaque sans relâche mais que l’adversaire passe à l’offensive et le voilà derrière à aider les copains. Il organise, soutient, encourage.
La sueur lui coule au front, il est beau et il ne le sait même pas.

Alors que s’est il passé ?
Tout allait bien pourtant. Son équipe menait à la marque, son entraîneur oubliait doucement ses déboires passés, les groupies gloussaient à chacun de ses passages côté tribunes et il venait de faire une faute passée inaperçue, l’arbitre se remettant doucement de la réunion annuelle des amateurs de poire Williams.

Alors que s’est il passé ?
Est ce son honneur de gentilhomme qui ne pu souffrir une tâche de gazon ?
Est ce l’habit noir de l’arbitre qui, lui rappelant la tenue sacerdotale le ramena au temps des offices encensés et de la culpabilité ?

Toujours est-il qu’il craqua une fois encore et alla tout raconter à l’arbitre !
« Monsieur j’ai commis une faute, aveuglé par la fureur et le goût du contact, je mérite d’être puni. Entre nous il me semble qu’un carton jaune serait opportun, à la rigueur un coup franc. »

Ce fut son dernier acte de bravoure puisqu’il fut promptement congédier par l’ensemble de l’équipe pour qui s’en était trop à grands coups de crampons dans le short jaune tout moulant qu’il était.

Si je vous ai raconté cette anecdote c’est que moi aussi, quand je ne me fais pas arrêter par l’armée à un check point, je m’arrête malgré tout histoire d’être sûr qu’il ne s’agit pas d’une erreur de leur part .

Quand on est bien élevé c’est pour la vie.



Sinon je suis à Austin pour le Festival de musique... C'est pas mal :)

mercredi 11 mars 2009

Safariiiii

On croise sur les routes du monde toute sorte d’étranges créatures mais il n’en est qu’une qui raconte des histoires, les auto-stoppeurs.

"Je t'avance contre une histoire", ce fut ma meilleur idée de ces 6 derniers mois.

A force de les croiser on fini par les reconnaître, on distingue doucement le mâle de la femelle et, sans s’en rendre compte, on devient un peu collectionneur…

A l’instar du chasseur de papillons, le chasseur d’histoires, toujours amateur de spécimens exotiques, dilapide la fortune familiale en safaris idiots du bout du monde.

Tous deux usent de stratagèmes plus ou moins élégants pour capturer leur proie, le filet maille 12 pour l’un et le Chevy van pour l’autre.

Autre point commun, ils relâchent généralement leurs victimes dans la nature une fois leur forfait accompli, se contentant de n’épingler que les plus beaux spécimens.

Les deux discipline sont enfin affaire de ruse, de patience et de doigté, c’est que le sujet est délicat.

J’ai pour ma part « accrocher » à mon tableau des histoires un vagabond texan, un couple d’indiens un peu vague, des hirsutes d’Alaska à poncho et deux allemands en goguette.

Voici en exclusivité rien que pour vous les histoires que j’ai refusé à Paris Match, ou l’inverse, je ne sais plus très bien.

Histoire 1 : Deux bons sauvages qu’illumine un sourire joyeux et franc décident de s’arrêter quelques instants, histoire de souffler un peu et de manger une pomme, sur un pont. L’action se déroule au Costa-Rica, la journée sans nuage fond paisiblement au soleil.

Quand, alors qu’ils n’avaient pas tout a fait terminer leur pomme, trois individus se présentent et se proposent, contre rien et armes à l’appui, de les envoyer se rafraîchir en bas du pont. La température remonte encore un peu et le pont est toujours aussi haut.

Histoire 2 : Deux voyageurs sur une moto se perdent dans les montagnes du Guatemala. Au détour d’un tournant et après avoir longtemps roulé, il croise trois enfants, debout contre la paroi, rangés par ordre décroissant de taille. Ils portent des masques grimaçants, le soleil en a marre et va se coucher.

Le passager de la moto s’avance et leur demande son chemin. Aucun ne bouge, seul le plus grand, tendant la main lui dit que ce service est payant. Notre voyageur refuse, les petites bêtes sont prismes de spasmes.

la suite de ces deux histoires contre 5 timbres.
Je remonte vers les US pour vendre le van.
Des biz à tous

dimanche 8 mars 2009

Atitlan

Le Guatemala fut la terre de toutes les aventures à cause ou plutôt grâce à la mauvaise carte daltonienne qui fit fi de la nomenclature internationale et des conventions communément admises relatives à la représentation des autoroutes et des sentiers à mules.
Les surprises furent donc nombreuses et cahoteuses avec du liquide de frein sur les côtés.

Nous étions à Antigua, ancienne capitale de l’empire colonial espagnol, quant, au levé du lit, alors que Phébus darde de ses premiers rayons les milles dômes si blanc des églises en ruines, alors que nous nous apprêtions à fouler du pas franc des français les rues de « la plus belle ville d’Amérique centrale », à ce moment précis donc on s’aperçoit que la vitre conducteur n’est plus à sa place, c’est à dire sur et non pas sous la portière.

Nous avions déjà changé une roue la veille, avec écrasement des écrous, ca commençait à faire beaucoup.

Nous partons donc changer la vitre…
Elle est là l’aventure mes amis ! Trouver une vitre de Chevrolet édition 89 au milieu du Guatemala et sans parler la langue de Shakira ! C’est l’école de la patience, je vous assure.

Après seulement un demi tour, qui est l’unité de l’égarement, nous échouons, cahin-caha, dans une ville du bout du monde, tout entière dévouée au culte du cylindre et de l’arbre à came et, au milieu des carcasses éventrées et des échoppes crasseuses, miracle, nous finissons par dénicher la vitre sus décrite. Démontage, remontage et retour à la ville…

Il faudrait une chronique complète pour Antigua et, vous l’aurez, remarqué, je suis plutôt avare de nouvelles en ce moment donc je vais faire l’impasse. Je devine mes urbanistes préférées désolées et j’en suis navré, je promet solennellement un beau récit en couleur dès mon retour.

Nous repartons donc sur la route qui a toujours faim tant elle englouti de voyageurs, quand, soudain, à l’heure ou Phébus commence à exagérer avec ses rayons à la con, mais oui, c’est bien lui, un nouveau bruit, de la famille des tacatacatacs avec léger cahot toutes les deux mesures.

Par chance nous étions revenu sur nos traces dans la Babel de ferraille. Le verdict fut sans appel : il nous fallait changer tout le train avant.

Nous convînmes que changer le pneu déformé suffirait et nous revoilà repartit à la recherche d’un pneu Bridgestone, modèle 275/15R… Et nous trouvons un Dunlop 275/15R ! C’est un petit miracle mais quant on en tient un faut pas le lâcher.

Nous repartons… Ou plutôt nous partons enfin car depuis le matin nous avions finalement peu avancé.

Face à nous 2800 mètres de dénivelé d’une route dite « en gruyère » c’est-à-dire avec autant de trous que de poussière. Une poussière blanche et fine que soulève à chaque passage les centaines de camions lancés à tombeaux ouverts. On y voit pas à 5 mètres, les phares zèbrent la nuit. Les épais nuages et l’odeur acre que dégage les gros diesel finit de donner un air de fin du monde à notre ascension.

Pas moyen de rouler doucement, on pousse derrière et me fiant au vieille adage du routier qui dit en substance que le plus gros à toujours raison je file au rythme des semi-remorques au risque de laisser mes essieux à chaque trous d’obus.

A l’issu d’un combat titanesque et d’une concentration de chaque instant, nous arrivons finalement à la ville carrefour, perchée tout la haut, dans les nuages et lumières blafardes. Une brume immense nous enveloppe, tout est blanc, blanc de poussière accumulée et de brume magique qui s’étirent entre les pointes des volcans.
Sur le toit du monde, on mange, on fume et on boit.

La redescente ne s’avère pas moins périlleuse. La route est meilleure mais freiner les 4 tonnes du camion sur 2000 mètres requière quelques précautions. La dernière fois le liquide de frein s’est mis à bouillir et les freins ont lâchés heureusement à la fin ! On fait des pauses, j’use du frein à main et j’apprends in extremis l’usage des vitesses secondaires qui enfin permettent le frein moteur.
On arrive tard dans la nuit au lac Atitlan. La brume est toujours là.






le Chiapas...








dimanche 1 mars 2009

Cher dresseur de louanges, mon panégyrique ;















Dans une lettre datée du 28 février, que je n’ai pas lu mais que l’on m’a rapporté, vous m’appelez « écrivain voyageur » avec plein de gentillesses tout autour et la cerise sur le dessus.
On vous aura bien renseigné ; on peut tout obtenir de moi par la flatterie et je me demande bien à ce propos ce que vous désirez.

Qu’il est beau ce compliment, qu’il va dans le sens de mon poil. Malheureusement pour moi et pour vous je ne peux l’accepter. La stricte éducation que j’ai reçue ne manque jamais de me rappeler que je ne suis pas grand-chose et si je suis sensible à la formule je n’en suis pas moins réaliste.

Car, mon cher ami que je ne connais pas, d’écrivain je n’en ai que l’amour des nuits parisiennes ! je ne fais qu’amuser la galerie de mes amis, en un mot je fais mon intéressant. Quant au voyage, là encore vous êtes trop bon ; c’est à peine si on peut appeler ça une balade, rendez-vous compte, j’habite dans un camion avec séjour et chambre à coucher, moquette au plafond, télévision… Confort jusqu’alors inconnu en France.

Je vous propose donc de remplacer l’expression « écrivain voyageur » par amuseur en goguette, scribouillard errant, ou encore chroniqueur des monts venteux.

Dans l’espoir de relire vos compliments malhonnêtes
Valentin

et maintenant des flims en qualité super8 !





















vendredi 27 février 2009

Sian ka’an, la côte des possibles - Une chronique par Thomas...

Ah la plage de sable fin, les rouleaux d’eau turquoise sur la barrière de corail.
Essayant de répéter le quotidiens des mayas pêcheurs, je n’ai qu’une envie défier la déferlante.
Roulant depuis bientôt 2 heures sur un sentier des plus inconfortables, s’il n’en était l’abondance de palmiers mêlés à la végétation marécageuse, je sentais le camion demander du repos. Nous n’aurions d’ailleurs pas pu atteindre la pointe de la presqu’île, réserve naturelle de Sian ka’an, faute d’avoir sustenté la bête.
Usant de subtils subterfuges je réussis a distraire le copilote néophyte qui avait pour idée fixe d’atteindre la pointe de ce bout de terre.
Première pause, cabana complet. Peu après, une pancarte branlante, des carcasses de voitures, je prends mon meilleur espagnol
Moi :« Pouvons-nous nous garer pour dormir aqui ?
Le petit indien : « Mais mes cabanas sont en construction, j’ai pas encore ouvert… »
Moi : « Mais on peut quand même dormir, on pose nos hamacs ? »
Le petit indien « Si tu veux… »
Moi : « c’est combien ?»
Lui : « euhhh »
Moi : « 20 pesos ca va ?? » (une fois rien)
lui : « oui oui c’est parfait… »
Sur ces entrefaites, le maître des lieux prends femme et enfant et s’en va nous laissant seul avec le cuisinier.Un maya, un ange.
Perdu dans la contemplation de l’océan, angel s’approche de moi. Comidor ?
Quelle délicate attention : de l’escargot de mer.Pas dégoûtés, nous regardons un pêcheurs fraîchement débarqués s’attaquer au mollusque enfermés dans sa conque. Un peu à la manière des égyptiens, en introduisant un crochet dans le nez pour en tirer le cerveau.
Relevé juste ce qu’il faut c’est très bon … cru. Mon camarade en a le cœur retourné. Il s’imagine déjà manger des entrailles visqueuses pendant 3 semaines.
Oh, Beauté des cultures primitives qui savent apprécier les dons de la nature à leur juste valeur. Conque, Escargot-des-mers, Caracol, que ton existence soit louée !
Au milieu des filets de pêches, des restes de poissons, de sandale séparée de leur jumelle par l’océan ( à moins que ce ne soit une sandale jetée à la mer jetée par un marin noyé) et de noix de coco, un Kayak.
On peux ? si, si.
Je bombe le torse, me défait de mon maillot de corps hèle mon pâle compagnon de route.
Atlantique me voilà ! Je me sens l’âme du capitaine d’une ancestrale chaloupe, flibustier commandant aux esclaves avant d’accoster les navires des conquistadors. On atteint la barrière de corail, essayant sans succès d’assommer un plongeur en tuba, nous sommes pris par la vague.

Belize en mer - Une chronique par Thomas le copilote

« What’s up men ? »
Un no man’s land entouré de palmiers entre l’ancien honduras britannique et la riviera Maya colonisée par les américains en goguette, du reggae comme bande son. La première rencontre avec un belizien, douanier, rastafarien écoutant du reggae.
Après les Mexique et ses militaires désoeuvrés sur le bord des sentiers, la différence est saisissante. L’ambiance est à l’avenant.
Nous voici en territoire indépendant depuis 1981, dirigé par la reine d’Angleterre, peuplé d’anciens nubiens et iboe du nigéria. Enfin, les plus balèze, qui ont réussis à nager après que leurs goélette négrière aient échouées au large.
Fini les tacos, place au rice and beans et coleslaw et au vieux baril de rhum.
Petite baraques en bois et tôle, sur pilotis branlant, entourés d’herbe verte rasé de près, suivant la règles stricte britannique des 2 pouces. Danseuse de merengue et punta rock, joueur de dominos dans la nuit caribéenne.
Facile de s’imaginer propriétaire terrien, fumant des colonials disposant de champs de cannes à sucres, de plantations de fruits, ou d’une partie de l’immense jungle peuplée de jaguar dans l’arrière terre.
D’ailleurs des ancêtres germains ne s’y sont pas trompés. On en croise entre les descendants des mayas et des esclaves. Ils jurent un peu. Chemise à carreau, larges bretelles, ou chignon et grande robe bleu marine. Ces grands blonds ont fui la corruption catholique et le luthérianisme trop laxistes. C’était à l’époque… Depuis leur arrivée sous ces tropiques, ils vivent dans des communautés évitant la Babylone de la modernité.
« Bah euh ca va » réponds tintin peu inspiré.

Le Mexique c’est freak

Je baladais mon grand corps souple de mâle solitaire sur la promenade de Campeche, quand, interrompant mon numéro de prince pirate, une joyeuse équipée indifférente à mon tourment secret me dépassa pour s’engouffrer sous le porche du stade municipal.

Je suivais cette piste depuis l’autre bout de la ville où j’avais pris soin de garer le carrosse, guidé par la mauvaise musique de foire qu’entrecoupaient les gloussement hystériques de deux chihuahuas cocaïnomane (dixit dédé).

C’était plein de la fosse aux gradins. Une scène immense était dressée avec sur le dos une imposante pyramide à double escalier, des palmiers géants tout autour et tout ce qu’il faut de plumes pour qu’un carnaval soit vraiment réussi. Les artificiers se tenaient prêts devant les canons à paillettes et les rangées de « Oh la belle bleue », guettant, le pouce sur le détonateur et la bave aux lèvres, le signal du déluge.
Le maire et tout le corps municipal s’étaient déplacés, c’est que la télé était là aussi.

J’étais un peu en retard mais juste à temps pour le clou de la soirée, l’élection, que dis-je, le couronnement du roi mais aussi et surtout de la reine du carnaval.

La sono se tait. Roulement de tambour ; chacun avale sa cacahuète et la foule retient son souffle. On annonce, dans le silence assourdissant des décisions historiques le nom du vainqueur.

C’est alors que, au milieu de ce que je cru être le jugement dernier du Grand Pantecrator quand ce n’était que la reconstitution méticuleuse du Big Bang primordial, d’un épais rideau de fumée s’avançe avec une majesté toute fraîche ce qui n’est encore qu’une ombre. Acclamée par une foule en délire et indifférente aux coups de matraque car elle tentait de monter sur la scène, le nouveau roi nous apparait dans son fauteuil roulant.

Le roi du Carnaval, un handicapé? Pourtant pas d’erreur possible, les milliers d’adorateurs continuent de se rouler par terre en scandant dans un rythme plus ou moins salsa le nom du grand emplumé qui se trémousse béat sur son trône à roulette.

Un peu sceptique je ne voyais pourtant qu’une seule explication et elle blessait une fois encore ma belle fierté de français boursouflé d’humanisme. Les Mexicains dans leur infinie tolérance avaient fait fi de l’handicap pour ne voir que l’homme derrière le siège à roulette. Bravo !

Mais un nouveau roulement de tambour vint interrompre la splendeur de mes raisonnements analytiques. On se préparait à voir la reine, enfin j’allais voir un peu de maillot de bain !

Chacun s’étrangle avec son pop-corn et la foule retient son souffle. On annonce dans le silence assourdissant du séducteur face à la déclaration d’amour le nom du vainqueur.

C’est alors que, au milieu de ce que je cru être une attaque des forces gouvernementales à la bombe à phosphore quand ce n’était qu’une offensive des guérillas sécessionnistes sous LSD, émergeant d’une explosion bariolée de plumes et de confettis, nous apparus dans toute sa duveteuse fluorescence la reine. Ca clochait encore. Je n’était pas assez loin pour qu’elle fut aussi petite et puis mon Dieu que de rondeurs ! Je zoom et surprise, sous les froufrous une trisomique.

Ca faisait beaucoup. Pour un freak show le public me semblait trop familial et la mise en scène trop soignée. Mais le spectacle reprend et entourés de dizaines de jeunes danseuses nues si ce n’étaient la plume et les noix de cocos, le couple royal se déhanche. La reine se trémousse de façon assez sexy, plutôt existante je dois dire alors que le roi manque de tomber dans la fosse, la faute au lézard géant du tableau final.

Encore une belle soirée sous les étoiles mexicaines…















Sinon:
on a plus que 4 écrous par roue,
Les freins ont explosés mais ça va mieux,
Un passant maladroit a heurté la vitre conducteur et est partit avec mon téléphone et l'appareil photo...
Mais le guacamol soigne les blessure du coeur

ps: la chronique est un peu dépassé mais elle était si longue...
Des nouvelles récentes bientôt promis

mardi 24 février 2009

On est vivants !!

On est vivants donc et en bonne santé
J'ai récupéré Thomas (Harms) à Cancun et depuis nous voguons paisiblement entre Belise, le Guatemala et peut être le Honduras. Alors bien sûr mon agenda a un peu changé et le temps que je consacrais à mes chroniques baladeuses est maintenant converti en petits apéros rigolards tant il est vrai que le rhum réchauffe les coeurs.
deux petites photos et bientôt c'est promis de vraies nouvelles.















dimanche 15 février 2009

Le Chiapas Ché Chuper

La cuisine mexicaine n’est pas sans me rappeler la cuisine chinoise. Je m’explique parce que j’en vois qui font des yeux comme des œufs de cent ans.

C’est tout d’abord une cuisine dont on peut, dont on doit se régaler dans la rue, haut lieux des aventures culinaires et qui offre à chaque heure du jour mais surtout de la nuit un spectacle son et lumière haut en couleurs, je veux dire les mariachis à fond et la ville entière peinte dans le spectre psychédélique.

Par le menu donc :
Le balai infernal des roulottes ou s’affèrent, fumantes, des matrones superbes et opulentes face à leurs clients qui, en équilibre sur des tabourets approximatifs, tentent de terminer, accouder au comptoir de planches, leurs tacos.

Les brouettes à frescos où tremblotent dans de grandes vasques en plastique des eaux aux goûts de paradis. Sous le regard pétillant des gamins, vous ai-je dis que le Mexique était plein de jeunesse, le limonadier rabote son pain de glace et, ayant placé les copeaux glacés dans un sac en plastique, les inonde d’un sirop gluant et trop sucré. Le paradis vous disais-je…

Enfin les innombrables présentoirs ou s’entassent dans la plus grande confusion les gâteaux et les fruits en pyramides multicolores de mangues, pastèques, ananas et pommes confites. Les glacières vagabondes étalent leurs mets exotiques et les gamins des rues déambulent en vous proposant chewing-gum ou cigarettes à l’unité.

Mais de la Chine on en trouve aussi dans le goût de ces sauvages pour les assortiments contre-nature et autres accommodements ubuesques, toujours suspects et pourtant si désirables. Pour vous, poussant l’investigation jusqu’aux limites de mon estomac, j'ai tout essayé

La Machaca, sorte de viande qu’on effiloche puis qu’on mélange à des œufs battus, uniquement au petit-déjeuner. Cicaron, peau de porc bouillie puis grillée. Ca fait un peu l’effet de mâchouiller une éponge, le petit goût de friture en plus. Et le fameux gâteau de banane au fromage, à essayer dès mon retour en France.

De toute façon, mon espagnol étant ce qu’il est, je prends la plupart du temps la même chose que mon voisin...




La variété des campements





























Les montagnes du Chiapas










et ses villes

mardi 10 février 2009

Acapulco

Il en va des hommes et des femmes comme du jeux des paires ; les figures sont masquées et en les retournant une à une on doit retrouver les paires.

Je ne vous parle pas de partouze à la cour d’Henri 4 mais bien de cette idée, de ce mythe cher à notre cœur, qu’on a une femme ou un homme fait pour nous, quelque part, qui nous espère lui aussi. Notre alter ego, notre âme sœur existe, il ne nous reste plus qu’à la trouver. Après tout on a enlevé une côte à Adam pour faire Eve, ça fait bien un pour un, la paire, cqfd.

Il en va de même pour la géographie. Si après Babel, les peuples furent dispersés, chacun vient à l’origine de quelque part, d’un endroit fait pour lui, une paire encore.

Le voyageur ne serait-il pas un amoureux géographique? De ceux qui ne supportent pas les sentiments au rabais et les arrangements du cœur, de ceux qui n’écrivent amour qu’avec un grand « A », de ceux qui ne se sentent que la moitié d’eux-mêmes.

Une sorte de pressentiment, de présomption le pousse toujours plus loin et il ferra le tour du globe en espérant fiévreusement qu’au détour d’une colline ou d’un lac, lui vienne enfin cette fulgurance, le super flashback, le coup de foudre. La Terre Promise.

Personnellement je ne crois plus à l’amour et je voyage pour passer le temps.

Il serait malhonnête de passer sous silence la réalité de mon voyage, notamment les heures chaudes d’Acapulco.

Avant c’était la réserve indienne et ces plages désertes. La vie y est douce, on y passerait bien une semaine, juste à s’essayer au surf avec ses deux nouveaux amis canadiens, à boire des bières en regardant la mer et à faire la sieste dans un des innombrables hamacs pendus sous la grande paillote.









Acapulco est un lagon d’eau plus tout a fait clair parce que, à la façon du Gange, on s’en sert pour un peu tout, certains s’y baignent même. Ceinturée de collines, l’agglomération se développe sur leurs flancs en grappes biscornues de petits cubes multicolores. De hauts hôtels démodés longent les plages et à la différence des autres stations balnéaires rencontrées et sus décrites on ne ressent ni malaise ni dégoût car les mexicains y sont acceptés. Il y fait affreusement chaud de neuf heure du matin à neuf heure du soir ce qui m’oblige, jusqu’à une heure avancée de la nuit, à parcourir les artères mexicaines dans toute leur saine exubérance ?
















Les Mexicaines sont magnifiques mais mariées trop tôt, c’est souvent le regard curieux de leurs enfants que vous croisez si d’aventure vous louchiez sur leurs jambes.




Hier soir

Le geste seculaire du chasseur de papillons...







vendredi 6 février 2009

Tropicale

J’avais ouï dire du pragmatisme des Américains sans jamais que cela ne me turlupinasse vraiment. J’avais rangé cette clé de lecture dans un coin de mon cerveau entre « Pralus » que les plus gourmands d’entre vous connaissent et « poireau » car oui, je suis organisé par ordre alphabétique. Ce mode de classification entraîne des lenteurs dont je suis bien conscient, les ordonnancements thématique et chromatique sont plus avantageux, mais, oh petit bonheur des lois chaotiques, que la connexion se fasse et c’est toute l’Humanité qui se régale de la Praluline aux poireaux !

Las Vegas m’avait mis la puce à l’oreille. Se pouvait-il que l’absence de second degré et d’autodérision soit une facette de ce pragmatisme ? Jouir sans entrave est-il pragmatique ?
Bétonner les côtes mexicaines, si belles au demeurant dans leur luxuriance tropicale, pour les transformer en autant de mini Cancon est-il pragmatique ? Car enfin il est certain qu’on est mieux avec l’air conditionné et, après tout, les Mexicains ne profitent-ils pas des retombées du tourisme ?

A l’orée de mes trente et un ans, mon Dieu comme j’ai grandi vite, j’ai bien l’impression qu’on se fou de ma gueule. Le pragmatisme est encore le meilleur moyen de ne pas se poser trop de questions et d’écraser, toujours énergique et sur de son bon droit, la faune, la flore et la gueule des Mexicains.

Dans la même veine, j’avais eu le tort de m’échouer dans un bar à américains en attendant mon bateau quand je surpris une conversation. Le premier était venu passer sa retraite au Mexique parce que la vie y est plus facile et les seconds, un couple jeune, écoulaient leurs vacances à peu près pour les même raison, la tequila en plus ; que du très pragmatique donc.
Bref le retraité avait réchappé d’un truc terrible et depuis, il remerciait Dieu tous les jours d’être vivant, parce qu’il était si content d’être heureux…
Qui dois-je remercier pour ma part ?

Je vous le dis, les questions fondamentales gâchent le plaisir…

Réponse au jeu de cette semaine :
Bravo à ceux qui ont remarqué que « pragmatisme » n’est pas entre « Pralus » et « poireau », d’autant que « Pralus » est un nom propre et devrait donc selon toute vraisemblance être dans mon encéphale droit en train de jouer au foot avec ses petits camarades Prokofiev et Prieur (la famille et Esmeralda).

Question pour la semaine prochaine :
Dieu est-il pragmatique ?



Sinon: on crève de chaud !











dimanche 1 février 2009

Kill Bill

Si je vous ai épargné jusqu’à ce jour le laborieux exercice de style, que dis-je, la périlleuse figure imposé de la fresque naturaliste si large que le regard si perd, ce n’est pas par bonté car vous aller y avoir droit dès à présent, mais bien parce qu’aucun désert ne m’avait jusqu’alors impressionné comme celui de la Baja.

Incipit : Le désert est mon compagnon de route depuis le Texas. Qu’il soit pelé et croûteux comme le dos d’un mauvais chien, soyeux comme un Portugais, martien ou dressé en mille cactus les bras tendus vers le ciel qui attendent stoïquement mais un peu résignés la venue de celui qui sauvera le parti socialiste, il exerce toujours cette étrange fascination sur le voyageur et, par un processus fort complexe de migration spontanée du cortex, lui aspire silencieusement ce qu’il lui restait de volonté.

La Nature, sans qu’on sache encore vraiment bien ce qu’il lui a pris, fit un jour émergé des profondeurs de la terre, provoquant une pagaille terrible dans un désert jusqu’alors jaune primaire et fort bien rangé, deux volcans aux laves si rouges qu’on les croirait encore fâchés. Le temps a passé mais c’est toujours un désordre terrible de crevasses et de pics que l’on parcourt le long de l’interminable fermeture éclair que je me prends, parfois, à vouloir ouvrir juste pour voir, depuis le temps que j’y pense, ce qui se cache sous la combinaison de Kill Bill.

Explicit : Mais le tableau ne serait pas complet si je ne vous entretenais aussi un peu de la faune. Je passe rapidement sur les baleines et les innombrables rapaces qui passent toujours très affairés à l’affût du serpent à sonnettes, pour attaquer directement la vie nocturne des places populaires où au milieu des démonstrations de forces et des ballons multicolores, on déguste en flânant un tacos aux tripes, du cactus bouilli ou cette étrange composition à base de maïs, de crème et de sauce chili.















Je m’embarque ce soir pour le continent.
Bien à vous
Tintin où vous savez.

mercredi 28 janvier 2009

La Baja

La première fois que j’ai vu La Baja, c’était en feuilletant une carte il y a à peu près deux semaines. J’ai tout de suite eu envie d’y aller traîner mon gros cube. Que voulez-vous les anachronismes géographiques me plaisent ! Comment donc pouvais-je résister cette protubérance du bout du monde?









Ce soir ça avait plutôt bien commencé.
Trois bicoques face à l’Océan Pacifique et la nuit qui tombe. Dans l’écume s’ébrouent de drôles d’oiseaux, ce sont des pêcheurs laboureurs. A l’aide de fourches, ils raclent et retournent le sable dans l’espoir de quelques palourdes sans se soucier des embruns qui giflent. Leur sac attaché à la taille est déjà lourd, il cogne, superbe entre leurs jambes telle une grosse paire de couilles.
Donc ça avait plutôt bien commencé.
Je m’apprêtais à me coucher quand, mais non ce n’est pas le vent, une longue plainte s’élève vers les étoiles qui sont venues en nombre ce soir, merci les étoiles.
Je passe en mode orange et sort donc, comme l’exige la procédure, de mon sac de couchage. Deux mexicains, dont rien ne me permet d’affirmer qu’ils ne sont pas saouls, sont en train, au mépris de conventions de Kyoto, de faire un grand feu dont le combustible principal semble être du pneu. Sont-ce des chamans ?
Le brasier prend de l’importance et avec lui le chant sacré. Le gargouillis inaudible devient brame primordial et enfin, au milieu des sacs plastiques en flammes, s’élève pour se perdre au firmament quelque part derrière l’épaisse fumée noire.
La cérémonie touche à sa fin faute de protagoniste. Le deuxième mexicain qui est tombé dans le feu fini de se consumer. Ses cris pourtant horribles n’ont pas suffi à sortir sont camarades de son coma éthylique.
Le silence règne à nouveau sur La Baja, je mets le vaisseau en pilote automatique et m’en vais dormir.




lundi 26 janvier 2009

le Mexique

Chers amis;
je m'en vais au Mexique pour quelque semaines. il se pourrait donc que mes messages s'espacent un peu, La Baja m'ayant tout l'air d'être complètement désertique.
Dans l'espoir de vous revoir :)
Tintin au Mexique donc...

samedi 24 janvier 2009

San Diego

San Diego est à peu près comme vous vous l’imaginez donc je ne m’y attarderai peu.
Des plages immenses, des joggers formidables dans de tout petit short et mes pélicans, toujours en formation au raz de l’eau sous le ciel lourd et bas.
Le sentier côtier a des airs de carnaval où chacun, sur une, deux ou quatre roulettes déambule le nez en et parfois les fesses à, l’air, sur un air des Beach Boys. Le combi crache et hoquette, le guitariste des rues pousse une longue plainte déchirante et le surfer indifférent passe d’une foulée souple la planche sous le bras.

J’ai passé deux nuits chez Valentin, appelé ainsi à cause de son intelligence hors du commun et de son infini modestie. Il vient ainsi que toute sa famille d’Ukraine car c’est un juif russe.
J’ai eu le plaisir d’apprécier, invité à un dîner familial, sublime réconfort après trois mois d’indigence culinaire et de solitude partielle, la cuisine maternelle et l’humour paternel. A ce propos je ne résiste que difficilement à vous narrer l’hilarante histoire de ce russe qui souhaite immigrer, mais pour ne pas déflorer le suspens je ne vous en dirais ni le début ni la fin.


Valentin











Je suis maintenant chez Oded, mon colocataire virtuel depuis mon départ car c’est de son adresse que j’use et abuse pour l’administration américaine. Je l’aide du mieux que je peux dans la finalisation de sa thèse de mathématique.

On m'a réclamé plus de photo de mes hôtes: Alors voici Jordan, votre serviteur, et Mick qui m'a hébergé à Las Vegas, au cours d'une balade à Red Rocks.

mercredi 21 janvier 2009

La Côte Ouest !!

Merci et pardon.
Merci Mike and family, merci indéfectibles américains pour votre accueil toujours amical, oasis de chaleur et de réconfort en ces temps de glaciations inopportunes, merci de nous prouver avec une rigueur scientifique qui vous honore que la générosité n’est pas soluble dans le coca.
J’attends Jordan de pieds ferme, elle sera le temps d’un été la fille que je n’ai jamais eue.

Pardon lecteurs fidèles pour la redondance de mes entames mais ces quelques lignes sont bien le moins que je puisse faire.

Je me rends bien compte que j’ai été un peu court sur Las Vegas, nonchalance coupable, pire, faiblesse inexcusable quand il s’agit d’un joyau ethnologique de cette importance.
Je m’explique :
Si la Nouvelle Orléans m’accueillit dans la moiteur trouble de ses nuits enfiévrées, si Austin me réserva ses plus beaux monstres et Albuquerque ses plus beaux barbus, toutes ces villes qui se veulent en marge comme autant de friches libertaires affranchies des diktats de nos sociétés modernes, ne sont vous vous en doutez bien, que de microsociétés finalement assez conventionnelles. Une fois costumé, celui-là d’un bonnet maya et celui-ci d’un chandail mou, la comédie peut commencer et chacun joue alors son rôle avec une désinvolture étudiée ; on est au théâtre et parfois la pièce est bonne mais vous connaissez…

Alors que Vegas… est authentiquement timbrée au dernier degré.
Que de jeunes marginaux fassent leur intéressant rien de plus normal mais quand il s’agit de petits couples bien proprets ça devient tout de suite beaucoup plus effrayant et donc beaucoup plus intéressant.
Comment en est-on arrivé là ?
Comment ce bordel clinquant qu’illuminent mille jeux d’eaux, comment ce Disneyland du stupre et du vice garanti a pu devenir la première destination touristique américaine sans qu’aucun second degré, aucune autodérision, je ne parle même pas de scrupule ou de honte, ne vienne jamais troubler la douce insouciance des joueurs impénitents?
Les rues sont vides ? C’est que les casinos sont pleins ! la vie est à l’intérieur, il y fait bon, les serveuses sont belles et les gens tellement heureux mis à part les quelques zombis apatrides que la sécurité ne tardera pas à jeter au caniveau.
Las Vegas, voilà une ville vraiment effrayante et c’est pour ça que je l’aime.


La Death Valley, avant d'arriver à san Diego...

Mission Accomplished !















Et voila... La côte Ouest.

samedi 17 janvier 2009

Las Vegas



Je n’ai pas été ému par Las Vegas.
Décidément…

:)

vendredi 16 janvier 2009

Grand Canyon















Il y a des paysages qui ne vous émeuvent pas.
Ils ont beau se plier en quatre, s’élargir à l’infini, se crevasser à en crever, rien n’y fait.

Vous faites le vide ; les paupières closes, vous inspirez lentement l’air pur des hautes cimes que seul viens troubler le pet de l’écureuil facétieux. Rien. Pas la moindre palpitation ventriculaire. Seul votre estomac vous rappelle qu’il est déjà 12h30.

C’est énervant de ne pas être touché devant tant de beauté.
D’autant plus quand vous êtes cerné d’une armée cosmopolite à téléobjectifs qui ne cesse de s’esbaudir dans toutes les langues devant cette nature grandiose qui est si belle et les couleurs, t’as vu les couleurs. Clic.

Et bien le Grand Canyon ça m’a fat ça. Trop attendu peut être ? Ou alors c’est qu’on en a vu tellement de ces photos d’hélicoptère avec coucher de soleil panoramique que quand on y est tout bêtement pour ainsi dire, on le trouve un peu fade.

Ainsi, je m’apprêtais à fondre en larmes quand, soudain, une affolante japonaise perchée sur d’improbables talons hauts, sans doute alertée par ma triste mine et me voyant regarder le vide immense sans glousser frénétiquement comme il est de coutume sur ces hauts plateaux, cette japonaise donc disais-je qui c’était mis en tête que j’allais commettre l’irréparable dans les secondes prochaines, n’écoutant que sa bonté, elle qui n’avait pas un cœur de géologue et sans doute parce qu’elle ne trouva pas de meilleur moyen pour me convaincre que la vie était belle et que c’était pas si grave d’être indifférent à un paysage de temps en temps, m’embrassa d’un baiser passionné et violent.

On rejouait la scène d’un drame lointain, ou la femme du pilote, frigorifiée sous les lumières crues du tarmac, étreint de toute son âme l’homme qu’elle aime espérant, dans une ultime et dérisoire tentative, lui faire préférer les chaleurs du foyer aux flammes du sacrifice. Je m’évanouis.

A mon réveil elle était déjà dans son car. Elle me regardais en souriant, amusée de son dernier exploit mais pas tout à fait rassurer sur mon cas. Cela allait-il suffire ? J’aurai bien répondu que non mais il était trop tard, le car s’ébroua et bientôt disparu.

Seul à nouveau je regardai les crevasses terribles et d’un coup, sous l’impulsion de la partie de moi que je croyait éteinte, l’ascenseur se mis en route pour apporter silencieusement du fond de mon ventre deux petites larmes au dernier étage.
Ahh les japonaises…

jeudi 15 janvier 2009

Avec du sucre dessus



Me voici en pays indien, chez les Navajos, territoire autonome avec ses lois, ses écoles et ses pics rocheux sous la neige. Car il neige ! Et tout n’est-il pas plus amusant sous la neige et sur le verglas ?
Puisque je suis sur place je voudrais en profiter pour tordre le coup à un certain nombre d’idées reçues (si vous ne les avez pas reçus je vous les envois contre 5 timbres).

Non, les indiens d’Amérique ne sont pas ces farouches guerriers à la noble stature lancé au triple galops sur des destriers impétueux qui fendent dans un bruit de tonnerre la steppe rouges à l’infini que le soleil au désespoir irradie de ses derniers rayons.

Ils sont de la forme d'un œuf. Petits, ronds, et probablement laids en toute objectivité ; engoncés dans leur veste de trappeur, ils ont quelque chose du manchot dans la démarche.
On ne distingue et seulement après une étude approfondie de leurs mœurs les plus secrètes le sujet mâle du sujet femelle ; je vous donne le truc :

Les indiens font du stop, soit qu’ils aiment se balader la plume à l’air, soit qu’ils aient bu leur dernière voiture. Et bien l’expérience montre que celui-ci monte devant, au côté du conducteur alors que celle-ci s’installe derrière. C’est au jour d’aujourd’hui la seule façon d’identifier et encore pas à coup sûr monsieur de madame.

Les indiens boivent, il n’y a pas plus sou qu’un indien parait-il; et la prohibition en vigueur dans la réserve ne les empêche pas de me piquer le geste mal assuré mes cigarettes et mes paquets de nouilles déshydratée en pleurant, la main sur le cœur, leur bière sur ma moquette.




je suis un peu dur avec les indiens... mais fallait pas critiquer mon anglais!

dimanche 11 janvier 2009

FREAKS

Je me dois de rendre hommage encore une fois à la gentillesse de mes hôtes.
Sur l’air de « Moi Lolita », œuvre magistrale injustement méprisée au pays de la truffe mais qui a trouvé son public au Mexique, incarnée par une Alizee dont l’ascendance divine n’est plus discutable et qu’il convient d’apprécier le volume à son maximum, mon guide Carlos et moi-même avons parcouru Houston sous un soleil radieux qu’un vent opportun rafraîchissait juste comme il faut.
Courses de chiens, centre de la Nasa, Musée et apéro jacuzzi furent autant d’occasions de découvrir et d’apprécier la vie de mexicains aux US. Merci Carlos et à bientôt…


Mais il était temps de partir, retour à Austin où j’avais rendez-vous avec Eva. (j’ai hébergée cet été Eva un peu plus d’un mois).
Juste le temps d’une Freak Party absolument hilarante ou j’ai pu apprécier Elephant Man, monstre protéiforme couvert de bubons qui nous a gratifié d’un striptease pas tout à fait érotique, The Black Scorpion, prestidigitateur échappé des flammes de l’enfer pour, sans trucage et devant un public médusé, nouer ses lacets avec seulement 6 doigts (2X6), Miss Tripod qui prouve de façon éclatante qu’une jambe suffit pour chanter du cabaret et TRex, grand ordonnateur au fouet. Soirée jubilatoire et nuit pleine richesse ou j’appris tout ce qu’il convient de savoir sur la chasse au fantôme, Elephant Man étant un expert reconnu en la matière.


TRex


















The Black Scorpion
















Miss Tripod











Me voici à Albuquerque qui m’a tout l’air d’être un de ces îlots démocrate super cool ou la tolérance règne en maître et comme tout ce qui ressemble de prêt ou de loin à un ghetto (aussi sympathique soit il) m’hérisse le poil, je ne suis pas sûr de rester très longtemps.

mardi 6 janvier 2009

Les coyotes chantent la nuit.

Mer morte, le regard s’égratigne aux épineux.
Effondrée en îlots épars, on glisse nonchalamment, entre, dessus et dessous les pièces du puzzle inachevé.
Et toujours, à droite et à gauche, comme autant d’invitations à l’aventure, faisant concours d’austérité, les arches fragiles affichent le nom du propriétaire. Une simple piste et au bout, sûrement, se trouve le ranch et les cow-boys, de ceux qui se lèvent si tôt qu’il fait nuit, de ceux qui déjeunent en silence sous le grand tipi, de ceux qui conduisent les bêtes et les marquent au fer, une fois à la cuisse, une fois au cou, une fois à la joue.
Les coyotes chantent la nuit pour faire peur aux touristes et ça marche.


C’est beau comme un Sergio Léone sans la révolution.
Sinon RAS :)

dimanche 4 janvier 2009

American Dream

Chers et estimés confrères de la société des rêves ;
C’est en tant que membre honoraire et au titre de responsable des affaires indigènes, que je soumets à votre jugement expert les travaux les plus récents sur le spécimen américain. Les conclusions sont stupéfiantes et je ne trahirai aucun secret en vous disant que le prix Nobel est d’ores et déjà acquis.

Après deux mois d’une enquête acharnée, n’épargnant ni ma peine ni la fortune familiale, et la compilation méticuleuse des témoignages recueillis à la crasse des gourbis et aux lumières de dîners mondains, je suis en mesure aujourd’hui de clore le débat de façon définitive.
Le rêve américain se porte bien, très bien même, la petite flamme brûle toujours outre-atlantique.

Avant d’entamer ma démonstration sans faille, j’aimerais revenir brièvement sur la définition que l’on donne du rêve américain. Deux publications respectables ont dans le passé abordé le sujet :
Pour Chimères Today (article ébouriffant du 1er janvier 2009, intitulé Bonne Année à Tous !! Pouet Pouet !!), il s’agit d’une nébuleuse brillante composée de 46% de méritocratie et de 54% d’opportunisme social.
Et Teddy Bear Magazine d’abonder dans un lyrisme qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures de la boxe amateur : « tout est possible aux US.»

Et bien non ! De toute évidence on se sera mépris, peut être s’agissait-il du spécimen gaulois, fort rare au demeurant.

Le rêve américain c’est avant tout celui d’une nation d’émigrés aux ports chargés de nouveaux explorateurs qui, poussés par cet incompréhensible désir de liberté et ce besoin fondamental de mettre un toit au-dessus de sa tête ont bravé les tempêtes et les bureaux de l’immigration.
Le rêve américain c’est d’avoir été ou d’être encore étranger en Amérique, d’y avoir été accueilli et d’y avoir trouvé sa place.

Il faut se rendre à l’évidence, le pays des droits de l’homme n’est plus que le pays de la truffe.


Paysages du sud west texan...















Sublimes.

vendredi 2 janvier 2009

Bonne Année From TEXAS

Bonne Année à tous!

Je cherchais un bar pour y dissoudre mon nouvel an quand, soudain, au détour d’un puit de pétrole, je tombe sur deux solides américaines qui prenaient de l’avance sur les festivités.
Après une rapide conversation, elles savent que je suis français et que je cherche un bar et je sais que de bar il n’y en a pas mais que la moins athlétique de mes interlocutrices vis dans un ranch de 600 acres et serait ravi, ainsi que son trappeur de mari, de m’avoir à dîner.
Aussitôt dit aussitôt fait.
C’est beau un ranch… Des terres immenses et une maison toute petite.
Je vous passerai les détails. Nous sommes rejoint pas des amis, la femme et demie s’écroule, et la soirée s’enfonce, sombre doucement dans le merveilleux, cascades dorées (la LoneStar est la biere locale), volutes épaisses et crépitement des armes a feux. Oui je sais… Je fais attention.

Et le lendemain ? Tous à la bière et rien que pour moi un fameux arsenal.
On a fait le coup de feux sur des canettes qui ne nous avaient rien fait et pour finir sur des palombes tout aussi inoffensives mais nettement plus savoureuses.
Les joies simples du Texas, la vie de cowboy…




et puis le soir on allume un grand feu et on chante des chansons de cowboys :)